Le mercredi 16 août dernier, avec Yannick et Arnaud, nous avons grimpé l’éperon ouest du sommet sud de la tête du Claus (2897 m). Cet éperon est communément appelé Gounand du nom de son incontournable ouvreur (M. Andries et J. Gounand, le 5 septembre 1971, avec un seul et unique piton !). A propos, un film de Marc Brulard (Summit Media) est en cours de finalisation à son sujet. Vous pouvez toujours y participer en cliquant ici : Jeannot
Yannick et Arnaud perchés sur le fil de l’éperon Gounand :
Pour gagner un peu de temps et surtout bien s’amuser, Arnaud propose que nous réalisions la première partie de l’approche en vélo électrique. Voilà donc les VTTistes dans la descente du col Mercière (2338 m) :
Dans le lacet du déversoir du lac de Tavels, à l’altitude 2065 m, nous abandonnons nos bicyclettes pour redonner son sens entier au terme de « marche d’approche » :
Après avoir dépassé le lac de Tavels, un des plus beaux du massif, nous remontons la combe de la Lause, une des plus caillouteuses du massif :
L’éperon se distingue peu sous notre angle de vue, mais il est bien là :
Au terme d’environ 2h15 d’approche depuis le centre d’Isola 2000, nous voilà partis dans l’escalade de l’éperon Gounand. La première longue longueur (40 m) rappelle bien aisément à tous ceux qui l’auraient oublié que le V en montagne n’a jamais été une cotation anodine… La longueur suit, tout en continuité, ce grand dièdre-cheminée ouvert :
Arnaud, loin d’être dupe quant aux V typés montagne « old school », reste vigilant sur l’assurage :
Au départ, histoire de se faire cueillir à froid mais pas trop quand même, il nous a paru opportun de contourner la base du grand dièdre-cheminée par la gauche. Un piton universel auquel est noué un ficellou rouge indique et protège le passage :
Arnaud termine la première longueur dans les rondeurs granitiques des gradins de sortie :
La second longueur, encore cotée V, suit une raide cheminée mangeuse de pères Noël tant il est difficile de s’en extraire. Arnaud et Yannick, depuis leur inconfortable premier relai, sont respectivement dubitatif et amusé face au spectacle que leur offre le père Damien qui ne fait pas la tête des grands jours (héhé) :
Dans leur dos se dresse l’incroyable dalle de départ de walk on the wild side, une incontournable difficile du Mercantour :
Yannick sort des difficultés de la seconde longueur pour venir se rétablir en rive droite d’un immense couloir le long duquel, il y a quelques années, un itinéraire mixte difficile a été ouvert :
Nous sommes contents d’être là et cela se voit :
Pour notre troisième longueur, nous avons couplé L3 et L4 du topo. Dans ce cas, avec une corde de 50 m, à simple ou de rappel, mieux vaut ne pas faire le crochet à droite pour mousquetonner R3 :
A la fin de notre troisième longueur (L4 sur les topos) nous rejoignons le fil proprement dit de l’éperon. Nous ne le quitterons quasi plus jusqu’au sommet :
Quand on vous dit qu’on est content d’être ici, sur les traces de Jean Gounand et de son unique piton :
La cinquième longueur, pour nous notre L4, a beaucoup évolué (vers le bas cela va sans dire) depuis l’édition des topos, et probablement encore plus depuis la tempête Alex. La zone est à présent jonchée de pierres éboulées instables. R4 est à construire (becquet + friend) et le fil éboulé s’évite à présent par un crochet à gauche (IV). L’éboulement de L5 :
Yannick et Arnaud en terminent avec le contournement par la gauche de l’éboulement :
Les goujons ont colonisé avec parcimonie l’itinéraire depuis le rééquipement d’octobre 2001. Petit à petit, l’ordre des choses s’inverse :
R5 vu de L6, le vide se creuse :
La sixième longueur se caractérise par un petit pas bloc pour se rétablir sur le replat caillouteux qu’Arnaud traverse, et une belle dalle finale quelque peu lichéneuse que Yannick attaque :
Les deux compères randonnent à proximité de R6 :
Entre l’éperon Gounand et walk on the wild side, il reste de l’espace pour de nouvelles aventures granitiques :
La septième longueur de l’éperon Gounand, IV, vaut à elle seule le détour de part sa photogénie :
Le non moins photogénique R7 sur fond de lac de Tavels :
La huitième longueur est une des plus difficiles de l’itinéraire. Il faudra être rusé pour se protéger à bon escient, notamment à l’entrée d’une belle dalle fissurée (V) :
La dernière longueur, bien raide, nécessite encore de s’appliquer sur l’escalade. Un dernier pas de V en traversée à droite sur une grosse écaille doit être convenablement négocié pour pouvoir se rétablir au sommet sud de la tête du Claus :
Pour la descente, contrairement à ce que beaucoup de topos proposent, nul besoin de rejoindre le pas des Portettes. Il suffit de s’engouffrer main droite dans le second grand couloir, celui dans l’axe derrière Arnaud sur la photo :
On contourne ensuite l’idyllique lac des Portettes par la gauche :
Pour récupérer nos bicycles électriques sur la piste de Mercière :
2h après avoir quitté le sommet, nous voilà de retour à Isola 2000 autour d’un verre bien mérité. Bravo Arnaud et Yannick (première course rocheuse en montagne) pour votre aisance incroyable, et un grand merci pour toute votre sympathie !!!
Pour info :
- Approche centre station – pied de voie en VTTe : 2h15
- Voie : 4h
- Retour sommet – centre station en VTTe : 2h
- Matériel : corde 50 m, 8 dégaines, 3 sangles, 1 jeu de friends C4 du n°0,3 au 1 + C3 n°1
- Astuces : débuter L1 en passant par le piton à gauche, coupler L3 et L4 sans passer à droite par R3, construire R4 (béquet + friend), contourner l’éboulement de L5 par la gauche, descendre dans le second couloir à droite après le somment sans passer par le pas des Portettes