Pendant 6 jours, du 21 au 26 mars 2021, Aurélia, Marie-Agnès, Marie-Anne, Claire, Clément et Pierre-Adrien ont découvert à ski une toute petite partie des grandes et belles montagnes valaisannes.
Marie-Agnès, dite Marie-Thovex, nous démontre ses solides bases de skieuses au moyen d’un effet directionnel dérapé perfectionné dans la descente de l’Allalinpass (3556m) :
La première partie du séjour (les 2 premiers jours) se déroule dans le massif du Wildstrubel, au-dessus de la station de ski de Crans-Montana, en rive droite du Rhône.
L’objectif initial était de rejoindre la Lämmerenhütte depuis le glacier de la Plaine Morte via le sommet du Wildstrubel (3244m). Une accumulation de petits évènements nous poussent à revoir nos plans pour finalement rejoindre la Wildstrubelhütte.
Tout d’abord, le vent fort nous ferme inopinément les portes du dernier tronçon du téléphérique de Plaine Morte. Qu’à cela ne tienne, la journée commence donc par un « échauffement » de 900m de dénivelé sur les pistes pour rejoindre le sommet du téléphérique. Le soleil est encore radieux (pour le moment…), nous sommes quasi-seuls (piste fermée), la vue est magnifique : ces 900m passent comme une lettre à la poste !
Comme les imprévus n’arrivent jamais complètement seuls… un très (trop) gros nuage du genre tempétueux a décidé, sans rien dire à personne, d’élire domicile exactement là où nous serons. En effet, au sommet du téléphérique de Plaine Morte, l’ambiance change radicalement : -12°C (si si, c’est écrit sur le panneau lumineux ci-dessous), rafales à 60km/h, neige et brouillard. Le blizzard est là, c’est officiel !
Avec l’espoir que celui-ci ne dure pas, nous tentons quand-même notre chance dans la traversée du glacier de la Plaine Morte.
Après plus d’une heure de « tricotage en mode ski de fond » sur cet immense plateau glaciaire, de toute évidence, nous ne dormirons pas à Lämmerenhütte ce soir. Ce sera donc un demi-tour avec pour nouvel objectif trouver le Wisshorelüke (col à 2851m) puis la Wildstrubelhütte. Dans ce désert blanc, cette tâche nous occupera quand-même une bonne partie de l’après-midi.
Le début de journée du lendemain ressemble fâcheusement à la veille :
Passage à rebours du Wisshorelüke :
Finalement, de l’autre côté du col, les nuages se dissipent. Ouf, fin du blizzard !
On y voit enfin à quelque chose :
C’est parti pour le Rothorn (3103m), « petite » bossette ensoleillée pile au centre de la photo :
Mais avant, nous retraverserons THE plateau glaciaire de la Plaine Morte, long de plus de 5 km. A gauche de la photo, le sommet du Wildstrubel (3244m, objectif inavoué de la veille) :
Au terme de notre long traversée (il ne manque que les pulkas), nous gravissons enfin les douces pentes sommitales :
Au sommet, un vent particulièrement violent nous accueille (phénomène bien connu de la vallée du Rhône en France, en Suisse aussi semble-t-il…). Les plus légers d’entre nous peinent à rester debout, et un bâton s’en ira même rejoindre Icare. Bref, un temps à ne pas laisser un bœuf dehors :
L’idée de franchir le Shneejoch (pas si simple…) puis le Rothornlüke pour rejoindre Crans-Montana par la combe des Outannes est vite remballée. A l’unanimité, un simple aller-retour sera bien assez suffisant.
Au terme de ces 2 premiers jours passés dans des conditions qui n’ont pas manqué de faire honneur à la poésie de Dante, c’est malgré tout avec un petit goût de trop tôt que nous quittons le massif du Wildstrubel.
Pour profiter des 4 prochains jours, nous nous rendons à présent dans le Haut-Valais alémanique, plus précisément à Saas-Fee. Cet endroit est incroyable. Outre tous les clichés Suisses, les rues piétonnes (exception faite de petites navettes électriques), les granges aux fondations improbables, ce village se blottit à 1800 m d’altitude au cœur d’un cirque hors du commun : une couronne de six 4000 tous visibles depuis l’église (en rajoutant le Lagginhorn 4010m et les Wiessmies 4017m situés dans le dos du bourg, on peut même en compter huit !!!).
L’étape du 3e jour de ski consiste à rallier Täschhütte (2701m) en passant par l’Alphubel (4206m) et l’Alphubeljoch (3772m). A l’instar d’une journée de travail traditionnelle pour certains, nous commençons par prendre… le métro !!!
Le métro-alpin nous dépose à Mittelallalin (3456m), quasiment au sommet des pistes de Saas-Fee, sur le Feegletscher. A la sortie du tunnel, la vue superbe avec de gauche à droite l’Alphubel (4206m), le Täschhorn (4491m, dernière montagne foulée par l’iconique Patrick Berhault) et le Dom (4546m, plus haut sommet entièrement en Suisse) :
Après quelques virages sur les pistes, nous quittons rapidement le domaine skiable pour entrer dans le domaine des dieux. Dans notre dos, l’Allalinhorn (4027m) :
Face à nous, l’Alphubel (4206m) :
Petite pause sur fond de Mischabel (Dom 4546m et Lenzspitze 4293m) :
Puis le petit train repart :
On s’applique encore un peu pour franchir la pente sommitale raide et en neige dure :
Nous finissons, non sans émotion (n’est-ce pas Claire ?) par aboutir au sommet de l’Alphubel (4206m). C’est le premier 4000 alpin pour beaucoup ! Derrière nous, tantôt les Mischabel :
Tantôt la corne des prés, Matterhorn (4478m) :
La descente commence côté Saas-Fee, face au Lagginhorn (4010m) et aux Weissmies (4017m) :
Puis au col de l’Alphubeljoch (3772m), nous basculons côté Zermatt face au Cervin (4478m), Breithorn (4163m), Roccia Nera (4074m) et Pollux (4089m) :
Après le passage de l’Alphubeljoch (3772m), nous nous laissons glisser sur l’Alphubelgletscher au pied de la face Sud de l’Alphubel :
C’est bien là que nous devons aller :
La neige commence à manquer du côté de Täsch ce qui n’est heureusement pas le cas des montagnes avec ici, de gauche à droite, le Zinalrothorn (4221m), le Schalihorn (3974m), le Weisshorn (4505m) et le Bishorn (4151m) :
La cabane est en vue :
Puis vient le temps d’un petit verre collectif sur la terrasse de Täschhütte histoire de célébrer la fin d’une merveilleuse journée :
Le jour 4 sera dédié à l’ascension du Rimpfischsattel (4001m), petit détour sur la route de Britanniahütte (3028m). Nous commençons par rejoindre le pied de l’Alphubelgletscher :
Non loin du point côté 3420m, le sommet est en vu. A gauche encore dans l’ombre le Rimpfischhorn (4199m), et juste à droite le dôme glaciaire du Rimpfischsattel (4001m) :
Pour prendre pied sur le Mellichgletscher, une jolie descente printanière s’offre à nous :
Nous repeautons ensuite pour traverser le Mellischgletscher en direction du Rimpfischsattel. L’endroit est juste magnifique :
Non loin du sommet :
Et finalement, au sommet (deuxième 4000m) du Rimpfischsattel sur fond de Rimpfischhorn :
Puis sur fond de Liskamm (4532m), Castor (4087m) et de Cervin (4478m) :
Quelle vue !
Après une courte mais bonne descente…
Nous repeautons un court instant pour franchir l’Allalinpass (3556m) :
Le col franchi, nous nous laissons glisser le long d’une gigantesque « piste bleu » avec une neige encore plus facile à skier que si elle avait été damée :
Comme les bonnes choses savent se faire attendre, il nous sera nécessaire de repeauter 100m avant d’atteindre la cabane Britannia. Claire et Clément s’y préparent devant l’esthétique pyramide du Stellihorn (3436m) :
La remontée à Britanniahütte (3028m) sur fond, de droite à gauche, d’Allalinhorn (4027m), Rimpfischhorn (4199m), Strahlhorn (4190m) et Fluchthorn (3795m) :
Comme on le disait, les bonnes choses savent se faire désirer :
C’est les cuisses rassasiées de beaux virages, les yeux remplis de belles montagnes et le cœur gonflé de chaleureuses rencontres que Pierre-Adrien, contraint d’honorer un rendez-vous, nous quitte en cette fin d’après-midi. Ce sera donc à six que nous nous lancerons le 5e jour à l’assaut du Strahlhorn (4190m).
Nous remontons l’Allalingletscher jusqu’à l’Adlerpass (3785m) bien visible au centre de la photo :
Arrivés à l’Adlerpass, nous troquons les skis contre les crampons afin de remonter le fil de l’arête faîtière en direction du sommet. Cette petite variante n’est pas pour déplaire à toute l’équipe, la preuve :
Pour accéder aux rochers sommitaux, quelques mètres à ski sont encore nécessaires avec derrière nous le Rimpfischhorn et le Rimpfischsattel gravi la veille (épaule neigeuse en contrebas à gauche du sommet) :
L’accès au sommet nécessite de crapahuter un peu dans des rochers. Ceci permet de varier les plaisirs et, par la même occasion, de rajouter un peu de piment à cette affaire. L’équipe se dresse fièrement au sommet du Strahlhorn (4190m) :
L’heure de la descente a sonné. Dernières photos de Claire sur fond de carte postale :
Puis, feu ! C’est parti :
La descente est vraiment de toute beauté :
Au terme d’une interminable série de belles courbes taillées avec grâce et précaution (les trous guettent la moindre faute de carre), nous rejoignons pour la deuxième fois Britanniahütte.
Ce sera le point de départ de notre sixième et dernière journée de ski en Rhodanie. Deux options ont été envisagées : le Stellihorn (3436m) en rive droite du lac de Mattmark, et l’Allalinhorn (4027m) dernier des 4000 accessibles en ski autour de Saas-Fee. Malheureusement, dépourvus d’ailes et dotés de trop petites jambes, nous ne pourrons pas faire les deux. La vie est dure aussi en ce haut monde… C’est finalement tel un oiseau qui choisit l’arbre où se poser que nous choisissons l’Allalinhorn où skier.
Nous quittons Britanniahütte de bonne heure en direction de Felskinn (2988m) :
La première partie de la montée consiste à relier Felskinn (2988m) et Mittelallalin (3456m) via les pistes de ski heureusement fermées à cette heure-ci :
A Mittelallalin (station d’arrivée du fameux métro-alpin), nous quittons le domaine skiable pour commencer l’ascension à proprement dite de l’Allalinhorn.
Marie-Agnès sur fond de Mischabel :
Le cheminement sur ce glacier tourmenté est de toute beauté :
La partie terminale de l’ascension se fera à pied. La glace qui a déjà fait son apparition, et les rocheux sommitaux ont eu raison de nos lattes.
Au terme d’une ascension de toute beauté, le sommet de l’Allalinhorn (4027m) est enfin sous nos pieds. 4e et dernier 4000 de notre séjour :
Dernier petit tour d’horizon sur les Alpes suisses avec la pyramide blanche du Stellihorn et la mer de nuage sur l’Italie :
Puis, inévitablement, l’heure du retour a sonné face au Castor, Pollux, Breithorn, Matterhorn et la Dent d’Hérens…
… le Stralhorn, le Mont-Rose, le Rimpfischhorn :
La marche à pied c’est trop bien, mais la descente à ski c’est encore mieux. Certains diraient avec un accent bien local : « c’est d’la dynamite » ! C’est parti pour 2200m de dénivelé négatif en direction de Mattmark :
Histoire de parfaire notre condition physique, une petite remontée de 150m sera nécessaire à l’approche de Britanniahütte :
Au final, après 6 jours de ski, c’est téléguidées, et ce, malgré le jour blanc, que nos spatules dessinent de merveilleux virages en n’en plus finir. Quel régal !
Voilà, ce qui devait arriver arriva. Nous finissons par déchausser les skis pour la dernière fois du séjour à Saas-Almagell. Nous terminons ces 6 jours heureux, déjà nostalgiques, et littéralement comblés ! Les cœurs, les yeux et les jambes se sont remplis à outrance de montagnes grandioses, d’images exceptionnelles, de ski fabuleux, de petits plaisirs simples et d’un grand sentiment d’amitié.
Un grand merci et à très bientôt Aurélia, Clairon, Clémeu, Marie-Thovex, Marie-Anne et Pierre-Ad !