Du 22 au 25 mars 2021, c’est dans le Queyras que nous nous retrouvons avec Axel et Christian pour un raid de 4 jours dans le secteur de Saint Véran. La crise sanitaire battant son plein dans le département le plus beau du monde, nous partons nous déconfiner dans le sud des Hautes Alpes. L’enneigement n’est pas idéal pour la saison mais en jouant avec le relief et les expositions nous avons trouvé un cheminement grandiose perché à 3000 m d’altitude et sous l’autorité du maître des lieux, le Viso.
Après avoir laissé une voiture à Saint Véran, c’est skis aux pieds que nous partons du Pont de Lariane pour remonter le vallon de l’Aigue Agnelle. Après 850 mètres de dénivelé, nous arrivons au col de Chamoussière :
Il est encore tôt et une fois le saucisson englouti, nous décidons d’aller chercher notre premier 3000 du raid, le Pic de Caramantran qui est tout proche. Christian au sommet, profite d’un panorama démoniaque.
Déjà, le Viso nous domine et nous avons une superbe vue sur le Val Varaita italien, bien sec pour la saison. C’est l’occasion de repérer la journée du lendemain. Le tour de la Rocca Bianca (1er plan ci-dessous) semble limite en enneigement mais les Toilies (aiguille en 2ème plan ci-dessous) ont l’air pas mal avec la petite variante en Ubaye pour aller chercher la Cime du Loup sous les imposants Mont de Salsa et Bric de Rubren.
Les 500 mètres de dénivelé négatifs qui nous séparent du refuge de la Blanche sont bien skiants, la météo et démente. Le refuge est top confort et, COVID oblige, nous dinons dans les pioles. Un refuge en mode COVID, ça ressemble à ça (ci-dessous). Malheureusement, à l’heure ou j’écris ces lignes, ça ressemble même plus à ça…
Axel profite de la soirée pour régler ses crampons, il était temps. Il fait le malin, il avait bien la caisse aujourd’hui ! Mais qu’en sera-t-il demain après une soirée endiablée au YAMS !?
La nuit porte conseil et au petit matin, nous partons vers le col Blanchet (gauche ci-dessous), pour le tour des Toilies. L’itinéraire est monstre tracé sur cette grande classique du secteur. La descente versant SE n’a pas encore décaillée et je sens mes compères sceptiques sur la skiabilité surtout quand nous arrivons au col de Longet où il faut même déchausser quelques mètres pour tomber sur le col. Cette frustration passagère est vite compensée par la beauté des lieux, seuls au fin fond de l’Ubaye, c’est très sauvage et nous entamons notre remontée vers la cime du Loup, sommet, je crois, le plus oriental de l’Ubaye.
Au sommet, nous retrouvons le maître des lieux sous un profil un peu différent :
En face, c’est pas joli joli sur les faces sud et le puzzle de langues de neige se met doucement en place dans la tête. Le col de la Noire a l’air ok et mieux si possible, rejoindre le pas de la Farnéiréta (tracé jaune ci-dessous) permettrait de boucler le tour de manière originale.
Compte tenu de la partie de tetris que nous entamons pour cheminer sans déchausser, c’est dans la belle combe de la Farnéiréta, sous la crête de la Cula que nous remonterons, sous l’œil attentif du Bric de Rubren et du massif des Chambeyrons. En jaune à gauche ci-dessous, l’itinéraire approximatif de notre descente de la cime du Loup.
Nous arrivons enfin au pas, c’est « quelque peu » corniché et il faut traverser légèrement vers l’ouest pour trouver le passage dérobé et rebasculer versant N. Le départ est bien raide avec un court passage à 50° et en neige dure. Christian y engouffre ses spatules, nous lui emboîtons le pas.
La descente versant N offre quelques belles courbes :
En serrant au plus prêt main droite en bas de la combe nous parvenons à quelques mètres du refuge sans repeautage.
Le programme du 3ème jour est bien chargé, nous repartons dans la combe de la veille pour déboucher sur la Crête de Coq par un couloir à 40°. C’est l’occasion de faire prendre un peu l’air aux crampons :
La petite pause au sommet du couloir est bien mérité, l’occasion de contempler la Taillante et le Pain de Sucre en arrière plan :
Après une courte descente, nouvelle incartade en Ubaye dans la combe de la Cula pour rejoindre le versant sud de la Tête de Longet bien sauvage, son ascension se faisant plus classiquement de Saint Véran par la combe N. Vers 2950 m nous traversons un superbe plateau suspendu sur fond de Chambeyrons (photo de gauche ci-dessous) avant d’attaquer le raidar final. Vers 3150 m nous atteignons ici le point culminant du raid (photo de droite ci-dessous).
Une descente de 1200 mètres nous attend. La neige n’est pas toute jeune mais le ski est bon et l’on trouve même une petite combe en bonne poudre assez bas dans le mélézin ! Notre gîte pour la nuit n’est plus très loin, Saint Véran en versant sud est tout au sec mais nous skierons tout de même jusqu’à Pont Vieux à 1950 m.
4ème et dernier jour du raid : Après moultes hésitations, nous partons sur la traversée des Marcelettes. Grande classique du coin, elle combine un dénivelé modeste avec un magnifique parcours en arête et une superbe descente, le tout en boucle et en versant nord bien sûr.
Une fois de plus, nous partons skis aux pieds ce qui est bien appréciable. Après quelques minutes 2 options se dessinent : Curlet fond de vallon ou trace ski de rando IGN en rive droite … !? La rive droite en sud étant bien pelée, on opte pour le fond de ravin. C’est bien encaissé mais la trace est propre, nous sortons rapidement dans la combe supérieure et au collet du pic Cascavelier, départ de l’arête :
Un coup d’œil vers le vallon de l’Aigue Blanche et nous pouvons observer la belle descente de la veille :
Mais pour la suite, c’est plus haut que ça se passe. La ligne est top, bien en neige, nous sortons les crabes tôt pour être confort. L’arête a l’air débonnaire sur les photos, elle l’est ! Mais propose quelques petits passages raide et aérien :
A 2909 m, nous atteignons le dernier sommet du parcours, bien dégarni en versant S. Bien heureusement c’est dans le versant NW du Chatelard, bien garni lui, que nous descendrons.
Au sommet Jacquette (début de la descente), nous sommes au point le plus au nord de l’itinéraire et le panorama sur les Ecrins et dément :
La descente est top en poudre tassée trafolée. Vers 2300 m, le petit passage technique de la cascade bien raide et en neige béton régale Christian et Axel. Nous le négocions rive droite. Le finish dans le goulet du Chatelard est bien ludique et je donne à Axel le mot de la fin :
Un très bel itinéraire composé de classiques et de coins bien sauvages, accueils au top au refuge de la Blanche et au Grand Tétras à Saint Véran avec un D+ de 1000 m / j sauf J2 (1400 m).
Bravo à Axel et Christian.
Cartographie à la louche (J1 force bleu, J2 force rouge, J3 force vert, J4 force jaune) :