Face Nord des Grandes Jorasses – Eperon Walker
Du 31 juillet au 1er août, avec Yannick, nous avons gravi l’éperon Walker , dans le massif du mont Blanc en face N des Grandes Jorasses,en partant de Nice, en deux jours.
Départ vendredi de Nice à 3h30 et attaque le même jour à 14h suivie par la Gardienne de Leschaux, très sympathique.
Nous rattrapons rapidement 3 Coréens au niveau du dièdre Rébuffat.
Nous apprendrons deux jours plus tard malheureusement qu’ils auront un accident où l’un d’eux perdra la vie.
Cela nous rendra très tristes.
Après le dièdre Rébuffat (cela grimpe un peu…) nous progressons dans un rocher sablonneux et très brisé jusqu’au dièdre de 75m.
3 longueurs superbes puis longueurs de mixte très verglacé avant de faire notre pause, à côté du pendule.
Le bivouac est un peu humide dans le brouillard : ambiance!
Yannick dors bien et c’est vexant : à côté de lui, je compte les heures sans avoir froid, plongé dans mes pensées.
Le lendemain, levés à 4h30, nous pendulons, remontons vers les dalles noires et dalles grises où le rocher est meilleur.
Yannick grimpe bien, nous alternons ce deuxième jour, jusqu’au sommet de l’éperon sous le névé triangulaire.
Là, gros souliers et crampons reprennent leur droit.
Le névé est en partie en glace avec tout de même des marches en haut.
Les cheminées rouges sont glacées.
La traversée oblique en V sur la dalle en crampons est bien épique.
Puis traversée horizontale au soleil, le moral est bon.
On voit un instant le refuge.
Nous terminons tranquillement dans des roches brisées prises dans la glace jusqu’au sommet, complètement noyé dans le brouillard!
Nous récupérons les bonnes traces, traversons les rochers Whymper en descendant un peu (1 petit rappel).
Puis traversée vers les rochers du Reposoir, trous monstrueux, attention…
Nous désescaladons l’arête du Reposoir pour faire trois grands rappels jusqu’au glacier quand l’obscurité s’installe, aidée par le brouillard épais.
Yannick comprend la nécessité d’avoir trouvé la trace vers le refuge après les rappels avant la nuit. ouf…
Descente vers le refuge Boccalatte sur le glacier surfondu : je traverse un pont de neige sur la trace!
Pas de mal. Nous sommes rendus au refuge vers 23h où le gardien nous accueille avec un super plat de pâte maison.
Nous sommes ses seuls hôtes.
La météo est prévue mauvaise le lendemain.
Nous décollons à 6h vers La Palud.
Le stop fonctionne bien et à 10h, nous sommes à Chamonix, transportés en S3 par des randonneurs valdôtains forts sympathiques.
La rentrée sur Nice fut agréable, paisible, en grand décalage avec ce qu’ont du vivre nos amis de circonstance Coréens.
Nous aurons une pensée pour eux et leur famille.
Cette ascension fut l’occasion d’un partage intense avec Yannick et certainement la naissance d’une longue amitié.
Bien que techniquement non extrême, la course requiert une grande attention et de la délicatesse dans certains passages d’escalade verglacés ou techniques.
Did
Eperon Nord de la pointe Walker, 1200m, ED-, 1ère 4 août 1938 (Cassin, Esposito, Tizzoni)