Dimanche 23 mai 2021, dans le cadre de la formation alpinisme de Carole, Cyrille et Benoît nous avons réalisé notre classique à nous les sudistes, l’éperon de Cessole au Malinvern 2938 m. Cette course a tout d’une grande avec la fréquentation en moins pour le plus grand plaisir de ses ascensionnistes.
Le Malinvern se situe sur la frontière franco-italienne, c’est le sommet le plus à l’ouest du Parco Naturale Alpi Marittime italien. En réalité, il n’entre pas dans le périmètre du Parc National du Mercantour mais en considérant que les deux parcs sont très copains et qu’ils ont même une entité juridique commune depuis 2013, on peut se permettre de faire l’amalgame !
Son ascension par l’éperon de Cessole proposent tous les ingrédients d’une classique initiatique : approche modeste 1h30/2h, variété de la progression (rocher, neige, rappels, etc.), qualité du rocher, ambiance, engagement réduit, etc. etc. Certes vous n’évoluerez pas à 3800 m aux milieux des plus hauts sommets alpins comme à l’arête des Cosmiques, l’archétype de la catégorie, mais en échange vous aurez une vue imprenable sur la Méditerrannée et la courbure de l’arc Alpin jusqu’au Cervin et au Mont Rose.
Sous un ciel en demi teinte, c’est pour l’instant sur les conditions de Tavels et Costasse que nous avons une vue imprenable… Parcourues la semaine passée par leurs couloirs NW, le rocher a bien refait son apparition !
L’approche n’est que plus aisée et les raquettes sont bien inutiles. L’ambiance est glaciale avec le petit vent du matin qui, nous espérons, ira decrescendo mais les couleurs sont magnifiques. Nos candidats du jour sont à « donf », Carole impose un certain rythme !
Une grosse heure et demie après notre départ, nous voilà à l’attaque de notre ligne. En face, une vue sur ce que nous pouvons appeler le couloir S du Malinvern N qui permet de raccourcir l’arête du Pas du Loup.
Lorsque nous commençons à grimper, les premiers rayons de soleil pointent le bout de leur nez, il est encore tôt pour crier victoire mais ça sent le hold up météo.
Je me laisse guider par Benoît. Cyrille et Carole évoluent en parallèle. Après 2 journées de fondamentaux au Baou de Saint Jeannet et au Rocher Saint Barthélémy, nos alpinistes du jour sont capables de se poser les bonnes questions pour adapter leur progression au terrain. Pour les réponses, il faut parfois débattre mais nous trouvons toujours un terrain d’entente.
Après quelques gradins faciles « à la laisse », il faut rallonger la corde et poser nos premiers friends.
Certains passages sont plus vicieux que d’autres et il faut réfléchir pour se protéger soi-même mais aussi son second. Il ne faut pas oublier que c’est lui qui nous assure. S’il se fait peur dans la longueur, il saura vous le faire payer dans l’assurage de la longueur suivante … L’arrivée à la brèche est l’occasion de poser un petit rappel opportun. Plusieurs options de franchissement sont envisageables comme un Dufour, qui présente l’avantage de ne pas avoir à se décorder, mais pour nous il s’agit de déjà bien maitriser « les règles de l’art » du rappel. Benoît ouvre et me contre assure d’en bas.
Nos poursuivants nous talonnent de près alors que nous attaquons la petite traversée pour contourner le bastion raide. Belle ambiance dans ce passage. Benoît protège avec un 0.2 !
Plus haut c’est de plus en plus grimpant, on essaie de gagner un peu de temps en assurant au maximum avec le terrain.
Jusqu’alors bien rocheux, la fin de l’itinéraire présente une difficulté supplémentaire avec des passages neigeux à négocier. Il est encore un peu tôt pour les crampons. Il faut donc trouver le cheminement le plus astucieux pour composer avec les quelques névés en neige humide et bien travailler ses marches dans la neige.
Alors que nous approchons la croix, le ciel s’est bien levé. C’est superbe. L’arête du Malinvern est une belle pièce topographique. C’est très aérien et Carole prend sur elle pour sourire lorsque je sors l’appareil photo.
Avec crampons/piolets et un encordement ajusté la confiance revient et l’équipe se regroupe au sommet.
L’occasion de réaliser notre position dans l’arc alpin : Au nord les sommets du Queyras et le Viso, des nuages masquent l’extension des Alpes vers l’est.
Au sud, le maître des Alpes du soleil, l’Argentera 3294 m et son prolongement vers la France avec la Nasta 3108 m, le Brocan 3054 m et le Guilié 2998 m sur la frontière, objectif classique de ski de rando à réaliser en boucle du Boréon !
Une super première course d’alpinisme en autonomie qui en augure bien d’autres on l’espère. Bravo à Carole, Cyrille et Benoît pour cette belle ascension et la bonne humeur !