Samedi 29 janvier 2022, dans le cadre de la Formation Escalade en Terrain d’Aventure, je retrouve Odile, Nicolas, Benoît et Jacques pour un morceau de choix. Notre objectif du jour, c’est cette fissure mythique de l’Escalès, la Ula, parcourue pour la première fois en 1972 par Bernard Bouscasse et Marius Coquillat… (#troisptispointsquiendisentlong). Compte tenu de la taille de notre groupe et de la période de l’année, on se dit bien que la probabilité de grimper sous les étoiles en fin de journée est non nulle alors nous optons pour le départ à partir de la vire de R4.
Comme souvent au Verdon, l’approche est déjà un petit bout d’aventure avec ses rappels coincés et ses désescalades scabreuses. Nous empruntons les rappels des dalles grises, le jardin des Ecureuils avec un petit finish expo, du genre qui pourrait vous envoyer assez rapidement visiter le fin fond du canyon, et enfin 2 petits rappels nous déposent sur une vire confortable qui marque le début de la partie en fissure de la Ula et donc de notre escalade.
Avec -10°C sur le tableau de bord dans les vallées pour rejoindre la Palud, nous avons tous gardés les doudounes pour descendre dans les gorges !
C’est Odile qui perd à la courte paille et prend la tête de l’expédition. Cela ne lui fait, mais alors, ni chaud, ni froid. Ses racks de coinceurs sont bientôt plus lourds qu’elle mais sa grimpe reste légère et aérienne, une vraie ballerine.
Sa rapidité de progression nous impressionne tout autant qu’elle nous rassure, et elle n’est bientôt plus qu’un petit point dans cette immense fissure.
C’est bientôt notre tour de grimper pour la rejoindre à R1. Je grimpe en flèche avec Ben alors que Nico et Jacques sont en cordée volante derrière. Cette première longueur est l’occasion de se tester. L’ambiance Verdon est tout de suite bien présente et Nico se met un petit combat pour sortir L1 malgré son bon niveau d’escalade. Ils grimpent en réversible et c’est Jacques qui prend le relais.
Nous temporisons à R2 pour voir comment Jacques s’en sort dans le style. Il se plaint du tirage. C’est assez étonnant dans une fissure rectiligne, je descends lui filer un coup de main et lui installe quelques chasses. Il a croisé les brins et nous sommes contraints de tirer un brin après l’autre pour qu’il puisse sortir la longueur !
Petite remontée sur corde plein gaz, ambiance garantie, et je rejoins l’équipe à R2. Odile repart en tête devant pour le crux du jour, une belle fissure légèrement déversante en 6b. Ca ne braisaille pas d’un brin et elle nous crie bientôt « relais » ! Je la rejoins avec tout le matos de Jacques et Nico que nous encordons à notre cordée pour gagner du temps car nous courons déjà après l’horaire !
Cela permet à Odile de repartir aussitôt dans L4 et son célèbre laminoir après que Ben ait avancé de quelques mètres. Bien nous en a pris car R3 n’est vraiment pas confort et nous sommes contents de ne pas y camper à 4. Pour le laminoir, 2 variantes possibles, certains jouent le jeu et s’enfoncent dedans, d’autres grimpent à l’extérieur, deux styles bien différents pour un même résultat. Tout le monde se retrouve à R4 !
Ci-dessous Ben sort de L4, un 6a guère plus facile que le 6b qui le précède…
R4 est bien confort et nous en profitons pour récupérer tous les friends Odile et moi pour équiper les 2 dernières longueurs. La lumière commence à se faire rare et on essaie de ne pas mollir. Il faut encore du jus pour négocier ce départ de L5 bien expo. Le reste est plus protégeable mais ça reste bien raide !
Pendant que la chef équipe cette longue longueur, nous en profitons pour poser et admirer le paysage. Le Verdon en cette saison est plus que jamais sauvage et il n’y a guère que les vautours pour venir nous tenir compagnie. Le bal est incessant, ils enroulent à quelques mètres de nous, comme pour nous intimider et nous entamer le moral.
Mais nous tenons bon ! La première cordée atteint R5 de jour, chance que n’auront pas Jacques et Nico qui grimpent déjà L5 à la frontale !!! La nuit vient nous envelopper doucement et renforcer une ambiance déjà bien hostile. Quand nous regardons vers le bas, le faisceau des lampes se perd dans la pénombre, ça en jette.
Devant, tout ceci n’est qu’un petit détail et Odile se joue du départ teigneux de la dernière longueur pour se frayer un chemin dans les genévriers de la sortie et nous sortir de ce mauvais pas.
Nous aurons passé un peu de temps dans cette dernière longueur pour en extirper toute l’équipe mais à 21h30, nous sommes définitivement sorti de ces 6 longueurs riches en enseignements finalement toutes plus ou moins homogènes dans le 6a+.
Encore une belle escapade dans un lieu exceptionnel. Bravo à Odile, Ben, Jacques et Nico qui auront tous été bien vaillants !
Bravo à tous les 4 je suis en admiration pour votre sport intense votre mode de vie tout ce que vous pouvez ressentir et voir…et de fortes pensées à Patrick Berhault et Patrick Edlinger….je suis une simple randonneuse et vous me faites rêvez.
Pendant le tournage de Jean-Paul Janssen dans le verdon, Patrick Edlinger en solo dans Ula est redescendu après qu’une prise a cassée.
Il est reparti aussitôt et a sortie Ula en solo.
Au sommet un membre du tournage est venu lui faire signer une décharge en cas d’accident.
Bravo a vous
Bonjour et merci pour ces photos qui reveillent des souvenirs. En juin 78 je suis retourné faire ULA avec ( derriere) Patrick Bestagno depuis le bas. Arrivé sur la vire au pied de la fissure on a vu arriver au pied une cordée. Poussée d’adrénaline pour ne pas se faire rattraper. Résultat la voie en 3h montre en main depuis le bas avec l’équipement d’époque. Quand à la cordée derriere composée de S. Koenig et J.F. Haggenmuller ils ont cravaché tout le long pour mettre aussi 3h. A l’époque personne ne faisait du mur et n’était capable de passer du 7 mais pouvaient grimper vite dans ce terrain. C’était ni mieux ni moins bien , c’était different. Salut à Patrick