En ce jeudi si bien nommé de l’ascension, dans le cadre de la Formation Alpinisme de Guides06, nous avons mixé et mixté les deux voies parcourant l’éperon ouest de droite de la cime de Tavels à Isola 2000. Il s’agit du vague éperon qui borde à droite la magnifique goulotte « au-delà du rêve« .
Dans cette escalade mixte, les trois valeureux stagiaires du jour, Cécile, Mathieu et Marc, ont pris beaucoup de plaisir à chatouiller ce qu’ils pensaient jusqu’à lors être leurs limites.
Dans la pente de neige de la 6ième longueur (photo prise par le guide Jean-Baptiste MADDALENA qui, également dans le cadre de la Formation Alpinisme de Guides06, descendait avec ses stagiaires l’arête sud de Tavels après voir grimpé le couloir nord-ouest) :
Le traquenard commence ici. Une chute de neige inattendue dans la nuit et voilà le résultat :
L’hiver joue le rôle de l’invité surprise. Celui-ci scelle définitivement le sort de nos chaussons de mickeys craintifs. Nous les abandonnerons pour un temps au pied de la paroi. En revanche, ce soubresaut hivernal mettra à l’honneur nos crampons. Nous décidons en effet de troquer notre objectif initial, la voie rocheuse Gounand sur l’antécime sud (D, V-, tracé approximatif rouge), contre une combinaison mixte des voies de 1974 (D, IV+) et 1980 (AD-, IV) sur l’éperon ouest de droite (tracé vert). :
La 1ère longueur, bien que courte, met directement dans le bain – 25m, M3+ sur le flanc gauche d’une profonde cheminée :
Les protections s’effectuent principalement sur becquets :
Comme à son habitude, Cécile grimpe cette 1ère longueur remarquablement bien :
La sortie à R1 s’opère très facilement dans des gradins :
La 2ième longueur commence par un petit pas bloc pour ce rétablir sur cette vire que nous traverserons vers la gauche :
Après avoir dépassé un petit pin, nous grimpons une belle fissure coupée au couteau dans le fond d’un large dièdre. Ce passage est vraiment génial à grimper. Encore une fois, et sur les indications bienveillantes de Marc, Cécile mènera sa cordée brillamment :
La longueur suivante, la 3ième, est plus facile. Elle permet de souffler un peu. Nous parcourons un mur bien prisu en ascendance à gauche, puis remontons le fil d’un petit éperon. La 3ième longueur vue du bas :
L’ambiance est bien là, quel régal !
La 4ième longueur, celle dite des oreilles de lapin » (les photos parlent d’elles-mêmes) est aussi celle que nous pourrions qualifier de « crux » :
Le début de cette longueur demeure principalement rocheux. Pas étonnant au regard de la raideur ! Le « crux » de cette journée est là. Il s’agit d’une courte traversée bien teigneuse à gauche qui permet de prendre pied dans un profond dièdre. Nous avons été contraints de retirer nos gants pour optimiser la tenue des prises, et Mathieu y sacrifiera son crampon gauche, c’est dire !
Le dièdre et sa sortie sont plus classiques et surtout beaucoup plus faciles. La neige y refait son apparition :
Cécile sort valeureusement de la longueur des « oreilles de lapin » plus déterminée que jamais à continuer l’ascension :
Et ça tombe très bien car la suite est de toute beauté ! La 5ième longueur vient effleurer le bloc coincé de « au-delà du rêve » le long d’une rampe fort ludique à grimper :
D’autant que la météo capricieuse ne se prive pas de rajouter de l’ambiance à l’ambiance :
Cette rampe débouche sur le fil d’une courte mais fine arête neigeuse particulièrement esthétique :
Le 5ième relai (sur pitons) est commun avec « au-delà du rêve » :
La 6ième longueur est une longueur de neige raide. Elle permet de rejoindre la selle en pied de l’énorme gendarme rectangulaire fendu en deux :
Le fameux gendarme rectangulaire et fendu en deux a très fière allure. Plutôt jaune que bleu celui-là :
De la selle (R6), la vue est imprenable sur le couloir nord-ouest de Costasse (2710m), course de neige classique d’initiation à l’alpinisme :
La 7ième longueur est mixte. Les difficultés y sont modérées mais quelques pas nécessitent encore un peu d’attention :
La voie sort sur l’arête sud de la cime de Tavels. Lorsqu’il y a beaucoup de neige, le franchissement d’une corniche sommitale relativement imposante peut s’y avérer particulièrement coriace. En cette mi-mai, aucun problème, nos opiniâtres alpinistes sortent la tête de l’eau sans encombre. Marc, l’homme qui ne connaît pas le froid aux mains et donc forcément le plus jalousé des Alpes :
Cécile la surdouée pour qui rien est assez difficile :
Et Mathieu qui après l’invention du crampon mono-pointe lance la mode du bi-pointe mono-crampon :
Une courte randonnée alpine de 15 mn tout au plus le long de l’arête sud nous permet d’atteindre enfin de sommet tant désiré de la cime de Tavels (2795m). Instant magique !
Histoire de compléter le contenu formatif de cette journée et sur les bons conseils du guide Stéphane BENOIST, nous choisissons de descendre par l’arête nord (F) en direction de la baisse de Druos. Cette option de descente se révèle être de tout premier ordre : esthétique, aérienne, variée (neige, rocher), pédagogique (différentes stratégies de progression et de protection).
Merci Marc, Mathieu et Cécile pour cette journée extraordinaire, et surtout un grand bravo à vous ! Vivement la prochaine !
Pour ceux qui auraient besoin de nouveauté en terme d’alpinisme hivernal dans le secteur, voici un topo et un tracé tous deux détaillés de l’itinéraire que nous avons suivi le long de cet éperon ouest de droite à la cime de Tavels :
Bravo aux supers stagiaires – pas de la formation « initiation » j’imagine… – et au super guide pour cet itinéraire plutôt hors des sentiers battus !
Salut Xavier, merci pour ton message et merci pour eux ! Chaque nouvelle journée est une initiation si tant est qu’elle soit guidée par l’œil nouveau de la curiosité.
A bientôt
Damien