Le 15 août dernier, nous avons parcouru une belle voie en terrain d’aventure en compagnie d’Alain. Son niveau « modeste », sa faible fréquentation et la variété de son escalade en font un mets de premier choix pour tout alpiniste. Son isolement improbable et la beauté toute élancée du sommet qui l’abrite (le cayre Colomb, 2702 m) ne gâchent rien à l’affaire.
Alain en termine avec les difficultés avant de parcourir l’incroyable arête sommitale du cayre Colomb :
Nous sommes partis de la vacherie de la madone de fenestre (2860 m) pour atteindre le pied de la face Est du cayre Colomb en passant par le fameux pas du mont homonyme (2548 m).
Le pas du mont Colomb côté madone de fenestre au centre le la photo, passage technique du célèbre GR52 :
Une vue à couper le souffle sur la vallée de la Gordolasque au franchissement du pas du mont Colomb ! Au centre le la photo, le grand Capelet (2935 m) aimante tous nos regards :
Au terme de 2h15 de marche d’approche, nous voilà au pied du problème :
L’escalade débute, sur deux longueurs, par deux magnifiques dalles sculptées (3c exposé) entrecoupées de sections plus herbeuses. A toutes fins utiles, le rajout de 2 ou 3 pitons (lames) permettrait de réduire sensiblement l’exposition non négligeable de ces dalles :
La troisième longueur se caractérise par un superbe petit dièdre ouvert très compact et très bien protégeable (4c). L’escalade est géniale :
La quatrième longueur, un nouveau dièdre compact, se trouve être la longueur la plus difficile de la voie (5b). Plusieurs pitons la protègent déjà. Il est en plus très facile de rajouter des friends :
Aujourd’hui, Chronos, divinité peu connue pour ses talents alpinistiques, a pourtant décidé de grimper bien plus rapidement que nous. A partir de là, nous n’avons fait que courir après le temps. Autant vous dire que la partie était perdue d’avance… Dans ce contexte, nous avons contourné le premier petit mur très vertical de la cinquième longueur par une rampe très facile à droite (cf. photographie ci-dessous prise de R5) :
Le dernier ressaut de la face, un mur compact d’une dizaine de mètre très redressés, est franchi dès le départ de la sixième longueur (5a) :
Alain sort de la sixième longueur et prend pied sur l’arête sommitale avec encore un peu d’énergie :
Une très courte pause permet de se délecter des alentours. Là, la terrible face Nord du Ponset :
Ici, le vallon de la madone de fenestre :
Un peu d’énergie réemmagasinée, puis c’est parti pour une superbe traversée d’arête jusqu’au sommet. Légèrement montante (à noter tout de même un joli ressaut de 8 m en 3c), rarement descendante, cette traversée est dans les faits principalement horizontale. Le registre change. Après l’enchaînement des longueurs, il faut maintenant bien maîtriser les subtilités de l’assurage en mouvement (tout un art…). L’effilement de l’arête et la qualité douteuse de son rocher nécessiteront aussi et surtout une bonne acceptation du vide et un bon pied montagnard. Cette course est vraiment variée et complète !
Alain reste concentré malgré un peu de fatigue :
Nous finissons par atteindre le sommet de cette superbe tour de contrôle qu’est le cayre Colomb. Fatigués certes, mais heureux d’être là :
La descente vers le Nord-Nord-Est est assez courte mais encore alpine. Un rappel d’une douzaine de mètres sur pitons peut, si on le souhaite, éviter une dernière désescalade pas si difficile mais relativement raide. Au pied de ce rappel, il faut ensuite suivre le fil de la croupe-arête jusqu’à la seconde brèche très marquée. Delà, il n’y a plus qu’à se laisser « glisser » (façon de parler) côté madone ou côté Gordolasque pour effectuer la marche retour.
Bravo Alain pour cette magnifique journée et tous les beaux efforts que tu as su fournir !
Côté matériel, nous avons utilisé :
- jeu de friends jusqu’au n°2 BD
- 4 sangles
- 6 dégaines
- corde de 40 m
Remarques :
- marteau et quelques pitons bienvenus
- anneaux en place et becquets à contrôler (nombreux mais certains d’une solidité douteuse)
- départ matérialisé par un anneau de corde marron/orangé à environ 15 m en rive gauche d’un couloir herbeux