Face nord des Grandes Jorasses : la Walker en hiver
Du 22 au 25 février 2012 avec Johan, nous avons réalisé la Walker en hiver.
Cette voie mythique ouverte par Ricardo Cassin, Luigi Esposito et Ugo Tizzoni, du 4 au 6 août 1938 a été inaugurée en hiver pour la première fois par Walter Bonatti et Cosimo Zappelli, du 25 au 30 janvier 1963.
La seconde hivernale du 5 au 8 février 1963 par René Desmaison et Jacques Batkin (dit Farine) marque toujours les esprits car réalisée en grande partie dans le mauvais temps!
La face nord des Grandes Jorasses en février 2012 et le tracé approximatif de l’éperon Walker, les carrés blancs indiquent nos bivouacs :
Pour accéder au pied de la face nord des Grandes Jorasses nous avons pris le train du Montenvers, puis remonté à skis la Mer de glace jusqu’au glacier de Leschaux et au refuge de Leschaux:
La vue sur la face ouest des Drus est toujours aussi superbe.
Avec Johan en août 2011 nous avons grimpé la plus difficile des voies Collangettes en face sud des Drus :
En remontant la Mer de glace la face nord des Grandes Jorasses apparait doucement :
Au début du glacier de Leschaux on est tout de suite face à la face ouest des Petites Jorasses qui est bien plâtrée.
Avec une partie du Groupe Excellence du CAF à l’automne 2011 nous avons repris la très belle et très rarement parcourue Beauté du monde :
Dans notre dos l’Envers des Aiguilles pourtant orienté au sud est bien trop enneigé pour grimper :
Il nous faudra faire la trace dans les échelles pour monter dormir au refuge de Leschaux.
Ensuite faire fondre de la neige ce qui pour les prochains jours nous occupera plusieurs heures par jour:
Après une courte nuit nous partons pour notre ambitieux projet:
La Walker en hiver par René Desmaison et Jacques Batkin, extrait de la « montagne à mains nues »:
Du 05 au 8 Février 1963 avec Jacques Batkin
1ère tentative :avec Batkin et Georges Payot et Gérard Dévouassoux
départ aig Midi le 1.02 à 13h
17h camping à la jonction des glaciers
2.02 départ 3 h / rimaye à midi/ bivouac après dièdre 30 M
03.02 neige dans la nuit/retour vallée
le 04.02 amélioration mais changement temps prévu dans 2 à 3 jours……………
2ème Départ :
le 05.02 dépose hélico sur glacier (pour gagner du temps, J.Batkin pas skieur !
rimaye à 12 h / biv après dièdre 30 m
le 6.02 beau temps départ 8 h / 16 h au pied des Dalles Noires
bivouac après les dalles, dans la nuit le petit transistor annonce « neige dans les Alpes pour la journée de demain »
le 07.02 après avoir allégé les sacs decident de continuer….
8h30 Dalles Grises franchies
11 H au pied du nevé triangulaire /début du mauvais temps
16h les Cheminées rouges sont passées après 4 heures de grimpe sous les coulées de
neige……
Bivouac
08.02 départ 7 h départ pour dernier ressaut, sommet à 12h
bivouac dans le descente
09.02 premiers châlets dans la vallée à 15h
Entrèves à 17 H
Après bain et collation…retour à Chamonix par le tunnel en cours d achèvement
Au lever du jour les lumières sont magnifiques :
Nous voilà quasiment à pied d’oeuvre :
Johan à la rimaye :
C’est parti, on commence par une petite descente:
La première longueur est bien enneigée, il faut déjà faire du dry tooling.
On espère que plus haut il y aura moins de neige…
Avec Johan nous grimpons en réversible :
Le début de la rampe qui mène aux premières difficultés :
Johan exécute la première longueur dure environ M5 :
Une seconde longueur un peu moins physique environ en M4+ conduit sous les dièdres Rébuffat et Allain :
Notre première journée dans la face nord des Grandes Jorasses se termine sur un superbe coucher de soleil :
Notre premier bivouac. J’ai connu pire mais ce n’est pas Byzance :
Au matin du 1er bivouac la forme est toujours là.
Johan se lance dans la première longueur de la journée, en 4+/5, jusqu’au départ proprement dit du dièdre Rébuffat :
Le dièdre Allain situé juste à droite du dièdre Rébuffat paraissant encore plus dur nous nous sommes contentés de la variante classique de Gaston:
Même en hissant les sacs on a trouvé ça bien raide et difficile.
Mon sac vaché au pied du dièdre Rébuffat et une météo qui laisse à désirer :
Johan aux prises avec le dièdre Rébuffat:
La suite au-dessus du dièdre Rébuffat.
L’éperon Walker offre de raides boucliers de dalles que la voie s’ingénue à éviter le plus possible :
Entre le dièdre Rébuffat et celui de 75 mètres, après une longue traversée il faut remonter des longueurs moins raides.
En hiver tout ce terrain demande de grimper précautionneusement :
Nous avons remonté le dièdre de 75 mètres en 3 longueurs:
La seconde longueur :
Dans notre dos la météo est maussade:
Au 2/3 du dièdre de 75 mètres on a du contourner ce bouchon de neige….
Une fois passés nous le ferons tomber.
Pour terminer le dièdre de 75 mètres Johan reprend le flambeau :
Alors qu’il nous reste plusieurs longueurs jusqu’à notre second bivouac le jour commence à décliner :
Soulagement comme l’avaient prévu les prévisions météo le soir le beau temps revient:
Le matin du 3ème jour dans la paroi après avoir grimpé jusqu’au milieu de la nuit:
Nous nous autoriserons une petite grasse’mat avant de commencer à grimper :
Johan quitte le meilleur bivouac de la voie :
Au-dessus commencent les terribles Dalles Noires.
Après une transition intéressante entre glace et rocher :
Il faut franchement grimper :
Nous avons hissé les sacs sur les 2 premières longueurs des Dalles Noires………et ce ne fut pas du luxe :
Pour la 3ème longueur des Dalles Noires nous avons repris chacun notre maison sur notre dos:
Dans cette longueur, un passage terriblement compact et engagé en 5 me fera renoncer une première fois :
Faut quand même pas me prendre pour un idiot……la voie ne passe pas là!
Et pourtant si.
La qualité de l’escalade et l’ambiance sont au rendez-vous :
La 4ème longueur qui permet de sortir des Dalles Noires est un peu enneigée.
C’est Johan qui résoudra brillamment cet épineux problème :
Une longueur en neige et glace conduit au pied des Dalles Grises.
C’est également Johan qui fera ce passage très difficile surtout avec un peu de neige :
Les goulottes Mac Intyre toutes proches vue du haut des Dalles Grises:
Après les Dalles Grises on rejoint le fil de l’éperon, la vue sur le Grand Combin, le Cervin, le Mont-Rose est terrible:
A gauche du Grand Combin on voit la Dent blanche et Weisshorn:
A notre droite le terrible mur de la Pointe Whymper où se déroule la Directe de l’Amitié :
L’escalade sur le fil de l’éperon est moins difficile mais très esthétique:
Une dernière longueur avant la nuit nous permet de rejoindre un petit col neigeux où nous pouvons terrasser notre 3ème bivouac :
Notre 4ème jour dans la Walker les choses se gâtent!
Malgré une nuit claire le matin le rocher est recouvert d’une fine couche de verglas qui le rend très glissant!?
Le vent ne daigne pas baisser et des nuages s’amoncellent :
A partir de là les grosses chaussures ne sont plus de mises, c’est trop glissant pour faire l’économie des crampons:
Vient cette incroyable longueur de mixte, crampons dans la dalle et piolets dans la neige, la glace ou le rocher :
Johan à la sortie de cette superbe longueur, l’esprit déjà concentré sur la suite…
Au-dessus on ne va pas vers le beau temps :
Johan dans un petit passage de dry vers le névé triangulaire :
Pour rejoindre les cheminées rouges on remonte le névé triangulaire:
Il faut éviter le début des cheminées rouges par un crochet à gauche et ne pas se laisser attirer par la corde fixe en place:
Johan me rejoint:
Et je me trompe bêtement en suivant cette corde fixe:
Après cette erreur d’itinéraire nous voici à nouveau sur le bon itinéraire:
Ensuite nous sommes passés dans la 4ème dimension. 90km/h de vent et la paroi toute givrée:
Johan vaché sur le second piton que nous avons planté dans toute la voie.
Estampillé JG pour Jean Gounand, nous avons laissé en place cette bonne lame ce qui fera plaisir à Jeannot.
Quand grimper en dry tooling devient une nécessité :
Autoportrait de Johan dans la tourmente:
A l’entrée de la Cheminée Rouge:
Dans ces conditions toutes les longueurs demandent beaucoup d’énergie et de concentration.
Une petite dalle givrée bien coriace, vue du bas:
Vue du haut:
A 3h40 nous atteignons le sommet de la Pointe Walker, sommet des Grandes Jorasses.
Une centaine de mètres sous le sommet le vent étant quasiment nul, nous en profitons pour bivouaquer succintement :
Le lever du jour sur la Pointe Whymper fut magnifique :
Du sommet jusqu’à Planpincieux, la plupart du temps nous avons brassé jusqu’aux genoux, ce qui nous fera encore finir de nuit.
Heureusement la vue était réellement grandiose:
La Noire et la Blanche de Peuterey, le Grand Pilier d’Angle et le Mont-Blanc :
Et de l’autre côté la Grivola et le Grand Paradis :
Bravo à toi Johan, tes capacités d’adaptation aux conditions extrêmes m’ont impressionnées.
Encore bravo à tous les deux pour cette belle aventure !
Fantastique semaine aux Jorasses! Bravo.
Ouah, ça c’est la grande classe. Merci pour le voyage.
Merci pour ce récit et ces photos, quelle belle énergie sa dégage!
Magnifique !!!
Bravo…
Bravo à vous deux pour cette superbe ascension. les photos parlent d’elles mêmes!!
Magique! Le résumé est vraiment terrible! Vous êtes passé par unicorn pour la sortie??! Trop classe. Bravo à vous deux
La Walker en hiver avec un client!Bravo.
Sommet mythique, le rêve de tout alpiniste ambitieux.
Bel exploit du point de vue physique et technique bien sur mais surtout sur le plan humain.
Expérience unique que j’imagine extrêmement enrichissante pour celui qui a la chance de la vivre dans tous les sens du terme.
Le dépassement de soi est la seule expérience qui apprend à véritablement se connaître. …
Encore bravo.
Béatrice.
Magnifique et rare aventure dans la pure tradition du grand alpinisme.
Michel.
Olé Sthephane et johan!
En hiver sous l’assaut des intempéries tumultueuses
la Walker brisée
la Walker martyrisée
mais l’éperon Walker libéré!
Très impressionnant
salut les artistes
Tres beau voyage, bravo a tous les deux. Je sais pas si Johan vit toujours dans le plat pays des teutons, mais si oui il n’en est que pus meritant. Vivat!
Yannick (a Michelle Angello pendant que vous etiez a la Collangette en aout 😉
Bravo,et en plus des efforts et des difficultés il pense à prendre des photos extra !!!
Magnifique,…c’est juste ÉNORME, et cerise sur le gâteau texte et photos au top.
Entres autres, les dernières longueurs en dry sur le rocher givré dégagent une ambiance vraiment impressionnante qui laissent supposer de sacré combat.
Un gros voyage derrière l’écran, ce blog fait vraiment rêver.
Félicitations à tous 2
Bravo pour la course!! Merci de nous faire partager avec les photos qui sont magnifiques!!!
Bravo pour cette magnifique ascension et aussi pour
le photographe.SACHA doit etre fier de son papa
Bises admiratives de microb;
Un sacré bravo.
L’ambiance a l’air superbe.
Superbe course ! et magnifiques photos !!!
Bravo à tous les deux
Bravo à vous deux pour cette magnifique réalisation!
Les photos sont superbes et permettent de mieux s’imaginer ce que vous avez vécu.
chapeau bas…
A l’ancienne. Bravo! 🙂
Wonderful! Thanks for sharing this adventure.
extra pour vous 2 MAIS ne pas oublier FARINE lors de la 2em hivernale grand mauvais temps tout le temps ratrapage de RD lors d’un devissage gros gros effort etc!!
dommage une seul photo de farine au sommet ..dans la tourmente dommage
guy