Samedi 17 juin 2023, Mat et Matt se retrouvent au parking des Planards désormais payant pour devenir montagnard ensemble. Et oui, beaucoup de neige encore sur le massif en cette mi juin et nous délaissons notre projet initial de traverser les Jorasses, au profit d’une montagne tout aussi emblématique du massif : l’Aiguille Verte 4122 m. Ce sera une première pour tous les 2.
Avec les bonnes infos des copains nous décidons de passer par le couloir S du col Armand Charlet, pour plus de tranquillité.
En bons touristes que nous sommes nous commençons notre ascension par le petit train du Montenvers !
Encore une petite benne et nous quittons progressivement l’agitation de la vallée pour remonter la mer de glace. Chaque parcours, d’année en année, est l’occasion de témoigner de son déclin inéluctable. Nous empruntons les nouvelles échelles rive droite pour franchir les profondes moraines creusées par le recul glaciaire. Dans notre dos, le mythique Envers des Aiguilles de Chamonix, paradis de l’escalade granitique.
Et voilà, nous voici sur le sentier verdoyant en balcon de la mer de glace. Les contrastes de couleur sont superbes. Quelle journée ! En face de nous, les Aiguilles Rouges sont encore pas mal enneigées !
Encore un petit effort et nous basculons dans le bassin de Talèfre avec le nouveau refuge du Couvercle en visuel. Le secteur, comme le reste du massif est encore bien blanc pour la saison, on croise les doigts pour un regel correct et la Verte s’offrira à nous. On peut envisager de nombreuses aventures au départ du Couvercle : l’Aiguille du Moine et le groupe des Ecclésiastiques (non visible sur la photo), la Verte (non visible), les Droites, les Courtes ou encore la Pointe Isabelle. Bien qu’un peu délaissé (la capacité du refuge a diminué de moitié suite à la rénovation), c’est un secteur majeur du massif.
L’accueil est chaleureux au refuge mais de courte durée ! Au Couvercle on se lève tôt, courses de neige raide obligent. A minuit et demi nous sommes déjà sur les crampons et le petit train de la Verte démarre. Au pied de la rimaye du Whymper, nous quittons les cordées du jour pour aller chercher notre couloir quelques décamètres plus à droite. Super coup stratégique, nous voici seuls au monde, quelque part un peu ce qu’on vient chercher quand même. La rimaye est en excellente condition, pas même une crevasse à enjamber. Une étroite goulotte de neige glace s’est formée et permet d’escalader les 100 premiers mètres raides du couloir. Pour sa première pendu aux piolets traction, Matt s’en sort à merveille.
Plus haut, le couloir est en conditions parfaites et nous progressons très vite.
Plus haut, une cordée qui a parcouru le pilier W de l’Aiguille du Jardin dans des conditions plutôt difficiles est déjà au col. Comme un tableau qu’on dévoile, le jour se lève doucement alors que nous l’atteignons à notre tour. La vue sur la skylines des Jorasses est grandiose.
Il est 6h lorsque nous atteignons le sommet de la Grande Rocheuse. Le timing lumière est parfait !!! Au loin au centre de la scène on aperçoit les géants suisse du Grand Combin au Mont Rose !!! Magnifique.
Nous voici au rappel de la Grande Rocheuse, 30 mètres plus bas, la sortie du Whymper et l’arête sommitale de la Verte.
6h30 et nous foulons le sommet de la Verte avec les premières cordées du Whymper. Le temps est exceptionnel avant une dégradation annoncée dans l’après midi. Nous savourons ces moments rares de plénitude avec la nature.
Le petit selfy de rigueur et nous filons enquiller les rappels du Whymper.
Le départ est raide et ça file bien. Plus bas ça se couche un peu et il faut s’employer avec la corde pour anticiper les nouilles. On est content d’être devant et maître de notre destin.
A 8h45, nous voici à la rimaye, contrat rempli, nous avons fait toute la descente à l’ombre. Pas une chute de pierre.
On peut un peu se détendre et réduire la cadence. Après un bon frichti au refuge, c’est parti pour une longue redescente vers la grotte de glace. Nous sommes bien entourés et profitons de ce décor incroyable. En arrière plan, les Jorasses nous font de l’oeil, comme un appel vers de nouvelles aventures.
Une superbe montagne, une belle ligne et des conditions de rêve. On en espère bien d’autres dans ce secteur. Bravo au Matt toujours aussi vaillant !