Jeudi 28 avril 2022, à la faveur d’un petit répit météo et malgré les cumuls de neige prévisibles à partir de 2500 mètres, nous décidons de concrétiser une envie avec Balàzs : la grande traversée d’arête entre Malédie et Gélas à la journée. C’est une course splendide surtout avec toute cette neige, elle est agrémentée de quelques beaux passages techniques.
2h45, ça fait tôt pour se lever mais avec une grande motivation, on ne sent « presque » pas passer la pilule.
4h45, départ du Pont du Countet, on se met en mode auto, on avance bien jusqu’au lac de la Fous puis les premiers gros névés et un regel médiocre nous oblige à redoubler d’espièglerie pour louvoyer sur les dalles moutonnées. A 2550 m, au lac Long, l’enneigement est total et il faut se résigner à marcher dans la neige. Le lac, bien gelé, nous facilite la tâche mais nous chaussons quand même les raquettes pour remonter le ravin en direction de la Serre de Pagari. Nous voici au pied de l’arête sud est de la Malédie, il est 8h30, on est déjà bien rôti mais la quasi totalité du dénivelé de la journée est avalé. J’en profite pour sortir l’appareil et immortaliser la face nord du Neiglier et le Ponset.
Au dessus de nous, l’arête est dans le nuage, ambiance garantie …
Allé on sort la corde et on attaque l’arête de la Malédie.
Le rocher y est très franc et assez vite il faut se concentrer pour franchir un premier passage raide, bien équipé. Ce coup ci, c’est sûr, on est bien réveillé.
L’ambiance est démente dans le nuage et nous évoluons entre la face nord est givrée et la face sud ouest sèche.
Nous atteignons notre première cime du jour vers 9h45, toujours dans la choucroute. On y trouve 2 croix, heureusement, pour nous indiquer que nous sommes bien au sommet !
Un petit flux d’air concilient et on a enfin le visuel sur toute la traversée du jour. On observe que le couloir de descente du Gélas est bien fourni.
Le chemin est encore long, on attaque la descente de la Malédie dans 30 cm de peuf … Les conditions de neige sont bonnes et on ne chausse même pas les crampons.
On retrouve bientôt le fil de l’arête entre Malédie et Borello, un petit coup d’oeil en arrière, elle est pas belle notre Malédie ?
De l’autre côté, on s’approche de l’arête de la cime Chafrion avec tout de suite à droite le contrefort de la cime Borello, bien grimpant.
On tire une vraie longueur sur le fil, plein gaz, pour sortir notre deuxième sommet du jour, superbe ! Ca grimpe et on est content d’avoir un vrai jeu de friends sur ce passage.
Balàzs arrive ici au sommet de la cime Borello, il est 11h, on est pas mal sur l’horaire. Heureusement car la suite s’annonce sportive.
En effet, la remontée vers la cime Chafrion est monstre élégante mais elle a un prix, celui d’une grosse brassée avec de la neige jusqu’à la taille. Toujours pas de crampons, la qualité de la neige le permet.
On rejoint enfin le rocher et ça va tout de suite mieux ! On se fraye une ligne entre neige et rocher. L’arête de la cime Chafrion propose un petit redressement « sympathique » entre deux sections plutôt horizontales. L’ambiance est démente, le gaz est présent.
Les allées et venues des nuages agrémentent le parcours.
A 13h nous atteignons le balcon du Gélas et c’est Balàzs qui prend le lead pour la fin de la course jusqu’au point culminant des Alpes Maritimes à 3143 m.
Balcon avec vue s’il vous plait, un petit coup d’œil vers la vallée, c’est un paysage de caractère qui s’offre à nous.
On reste concentré pour la dernière section technique de notre traversée. Encore de beaux passages sur le fil.
Et toujours la neige côté nord, la vigilance est de mise, ça grimpe jusqu’au bout !
A 13h45, nous voici enfin au sommet après 9h de bartasse. On n’a pas vu le temps passer. L’altitude aidant, Balàzs n’est pas indifférent aux charmes de la vierge effarouchée.
Allé, petit selfy et on se lance dans la longue descente !
Le couloir de descente à 45° est juste transfo comme il faut, on ne chausse toujours pas les crampons !
Mais à son pied, on sent qu’on va brasser, on remet les raquettes que l’on gardera jusqu’au lac Long et même légèrement dessous … La météo est devenue splendide et on profite de ces moments perchés malgré la fatigue.
Au mur des italiens, on quitte les derniers névés et on est escorté par une faune riche qui nous dit au revoir ! 30 minutes plus tard, retour parking, il est 17h20. Quel voyage !
Un itinéraire vraiment superbe surtout dans ces conditions de neige, mais qui se mérite. Un grand bravo à Balàzs en énorme forme et au point techniquement, clap clap.
Salut,
whaouh bravo, ce long parcours en mode « Grand Alpinisme » chapeau pour l’efficacité dans ces conditions sur cette longue aventure!
Stéphane
Très beau périple que je rêve de faire un
Jour en hivernal n ayant fait les deux sommet en mode solo l’ été …. et surtout beau récit , c est très agréable à lire .
Merci pour ce partage !
Agréable de rêver avec vous quand on n est plus apte à faire de telles rando. Merci