Voyage escalade à Oman – escalade : Guides 06

Voyage escalade à Oman

Du 10 au 21 février 2013, Béatrice, Céline, Marine, Régine et moi sommes allés grimper au sultanat d’Oman.

C’est un séjour de grimpe dans la continuité du Wadi Rum en Jordanie où nous avons déjà tous grimpé au moins une fois.

Photo souvenir au sommet du pilier Ouest de Snake Canyon.

Le premier jour, notre avion nous dépose à Mascate mais nos bagages sont restés à Amsterdam. 12 h d’attente forcée nous conduisent à changer le programme initial. Nous allons commencer par les tours d’Al Hamra plutôt que le Wadi Bani Awf.

Nous arrivons au village d’Al Hamra tard le premier soir et bivouaquons près de la route. Dans le ciel étoilé, les tours se découpent magnifiquement. Qu’il est bon de quitter la ville et de se retrouver là! 

Le lendemain, la marche d’approche d’une petite heure se déroule sous une chaleur accablante. 48h avant, nous étions en France et il neigeait jusqu’en plaine, le contraste des températures est rude. 

Nous parcourons En attendant les lents, une voie du guide Thierry Renault ouverte en solo. Le rocher est solide, les protections bonnes sauf dans l’avant dernière longueur compacte.

La tour Est d’Al Hamra. La voie En attendant les lents démarre et remonte l’éperon de droite puis traverse à mi hauteur dans le versant Ouest à l’ombre.

 3ème longueur: un dièdre sculpté de gouttes d’eau, 5c. 

A la descente, nous passons au pied de la tour centrale où nous allons grimper le lendemain la voie de Valérie Aumage et Tony Clarasso, la Mamma.

Grâce à Marine, nous trouvons une solution pour une toilette inespérée. Puis nous cherchons un emplacement de bivouac.

Nous avons loué un 4*4 pour les déplacements. Celui-ci est indispensable. Il est chargé au maximum en volume avec les affaires de camping pour 5, le matériel d’escalade, la nourriture et l’eau.

La tour centrale d’Al Hamra. Elle est plus raide et davantage ombragée que sa voisine à l’Est.

Marine dans la première longueur de la Mamma, 5b.

Deuxième longueur, mentionnée comme expo dans le topo. Il faut bourrer les friends dans des trous au départ puis se faire léger pour une section en rocher moins solide.

5ème longueur, 6a+, très beau. Le pas dur est obligatoire. 

Après une toilette encore inespérée, nous mettons le cap sur le wadi Bani Awf via le col Sharaf al Alamayn à 2000m d’altitude. 

La route pour monter au col est goudronnée, pour descendre de l’autre côté c’est une piste raide. 

Nous bivouaquons dans la descente vers Hatt. 
Cette 4ème  journée, nous la consacrons à grimper sur la falaise de la Gorgette. Le calcaire est très abrasif, un peu comme à Taghia, l’équipement est bon sauf les relais où manquent les maillons, probablement piqués par les gamins du village de Balad Sayt.

L’accès à la falaise remonte un wadi plus ou moins en eau. C’est l’accès pédestre au village. 

Nous avons grimpé entre le 5c et le 7a+. L’escalade se déroule surtout en mur, plutôt raide et à bonne prise.

Régine escalade une des premières voies du canyon. Le topo que l’on trouve sur le web donne un bon aperçu des voies équipées. 

Une belle longueur attirante et superbe à grimper, autour du 7a. 

Nous reprenons la voiture pour nous rapprocher du pilier Ouest de Snake canyon. La piste est spectaculaire, taillée à flanc de montagne.

La sortie du Snake canyon est sèche, nous dormons donc à 2min de marche du pilier. Mis à part une attaque sournoise d’un troupeau de chèvres sur notre stock de nourriture, la soirée est douce et nous invite à flâner. 

Il y a la palmeraie pour nous accueillir sur son sol de terre battue, un canal pour l’eau fraîche pour se rafraîchir et ce beau pilier rouge qui nous attend demain. 

Béatrice et Céline dans la 3ème longueur. Cette voie est dépourvue d’équipement et ne dépasse pas le 5b si l’on emprunte la sortie de gauche.
Le rocher ressemble à de la rhyolite, comme au Blavet. Du sommet du pilier, une longue randonnée ramène au débouché du Snake canyon.

L’après-midi, nous rentrons sur Mascate pour acheter de la nourriture/eau et nous allons dormir à Suwayh. Nous grimpons le lendemain la voie d’Emmanuel Ratouis, « la révélation ». 

C’est l’itinéraire le plus facile de notre séjour. Cette voie remonte une zone d’écoulement d’eau en rocher clair.

Béatrice et Céline dans la 4ème longueur, 5b. 

Le village de Suwayh, terminus de la route et point de convergence de 2 rivières.

Pour approvisionner les villages en eau, les omanais ont construit de longs canaux étroits. 

L’après-midi, nous passons un bon moment à nager dans les grandes piscines naturelles sous le village. Moi qui suis pourtant frileux, je peux vous assurer que l’eau est bonne!
La baignade est d’autant plus appréciée que l’eau est propre avec de nombreux petits poissons.

Dernière étape de notre séjour, nous allons ce soir dans le wadi Tiwi et dormons à proximité du village de Mibam. Bien que cet endroit soit le plus réputé d’Oman pour l’escalade, nous ne croiserons que nos amis pyrénéens avec le guide Christian Ravier.

 

Le village de Mibam entouré de parois. Celle de gauche sur la photo est très attirante.

Le 1er jour à Tiwi, nous grimpons une autre voie d’Emmanuel Ratouis En attendant Allah.

Pour accéder au pied, il faut remonter un canyon en jouant à saute moutons d’une pierre à l’autre. 
La voie est très belle, équipée partiellement. Le départ original remonte une grande colonne-dièdre caractéristique.

Après les 2 premières longueurs, l’escalade suit une longue dalle oblique.  

Ces formations calcaires rappellent les tours gréseuses du Wadi Rum.

 

La partie finale d’en attendant Allah offre 2 longueurs plus soutenues. La première avec un mur raide en 6b et la seconde avec un ressaut en 5c parsemé de trous. 

Au sommet de la voie, nous entamons la descente en rappel. Ils s’effectuent dans l’itinéraire de montée sauf le dernier qui est désaxé.

Bivouac à Mibam sous les étoiles. Nous avions des tentes mais dans les endroits bien secs et dépourvus de poussière, nous nous en sommes passés.

Je redoutais de croiser quelques serpents/scorpions mais nous n’en avons pas vu trace. Seulement quelques tarentes inoffensives. 

Dernier jour d’escalade, nous partons avec Marine et Régine gravir la voie Emilou dans la face nord de Mibam.

Le topo de la voie Emilou ouverte par Karen et François Pallandre. 

1ère longueur d’Emilou, 55m. Au-dessus d’un bon camalot dans un trou, il y a une section grisante à grimper et exposée. 

La 6ème longueur, 6c. Sous le toit qui nous domine, il ne faut pas se laisser attirer par un coinceur abandonné à gauche mais traverser à droite et remonter le bord droit du toit dans du rocher clair. 

La seconde longueur en 6b. Après quelques mètres d’escalade classique, on remonte un dièdre raide, bien protégeable avec du rocher de super qualité. Il m’a fait penser à celui de la voie Cassin à la Torre Trieste.

François Pallandre m’avait dit que c’était une voie « world class ». 

Sans avoir la prétention de confirmer cela, je peux affirmer que c’est une super voie, dans la même veine que « Baraka » à Taghia ou « la Guerre Sainte » au Nassrani. Elle s’inscrit dans le registre des grandes voies modernes ouvertes du bas par des grimpeurs de bon niveau rodés à ce genre d’aventure.

A la différence de Baraka et de la Guerre Sainte, Emilou est peu équipée, seulement les relais et quelques points dans les longueurs, parfois aucun. 
En grimpant certaines longueurs, j’avais l’impression d’être dans « la petite bête qui monte » où l’on avait ouvert avec une utilisation limitée des spits. 

Dommage que nous n’ayons pas réussi à faire de belles photos de cette voie qui m’a beaucoup plu. La première longueur en 6a est exigeante à lire et exposée. Les autres longueurs sont dans le même esprit avec une exposition moindre. Il faut prendre le temps de bien lire l’itinéraire en grimpant pour rester dans les cotations annoncées. Dans l’ensemble le rocher est vraiment fantastique à grimper, beaucoup de grains avec des prises plutôt franches.  

Descente en rappel dans la voie. Les relais sont sur 2 spits de 8mm. Inévitablement, se pose la question du vieillissement de l’équipement en place. 

Nous rentrons à Mibam et prenons la direction de Ras al Hadd pour voir les tortues pondre sur la plage.

Davantage sensible aux charmes de la nature qu’à ceux de la ville, j’ai apprécié de voir ces grosses tortues marcher si lentement dans le sable, creuser leurs trous, pondre et repartir une fois leur mission accomplie. Nous n’avons pas de photo d’elles car les tortues sont craintives.

Après ce bivouac sur la plage, nous remontons au nord pour grimper en falaise au wadi Dayqah et nous baigner dans les vasques d’ AS Sayh.

Escalade à l’ombre jusqu’à 14h dans le Middle Canyon à Hayl al Ghaf. Il y a de nombreuses voies bien équipées.

Dernier jour avant de repartir en France. Nous flânons dans Mascate pour faire un peu comme tout le monde, du tourisme de base. C’est probablement moi qui n’ait pas les bonnes connexions pour apprécier ce genre d’endroits, je m’ennuie fortement.

Le voyage touche à sa fin. Merci à mes collègues guides Philippe Brass, Hervé Qualizza, Emmanuel Ratouis et Christian Ravier pour toutes les bonnes infos qu’ils m’ont fournis.

Un grand merci également aux 4 grimpeuses avec qui nous avons réalisé ce voyage. Sans votre flexibilité, votre endurance et vos indéfectibles sourires, nous n’aurions pas autant grimpé et partagé autant de fous-rires.

 

 

 

 

 

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