Autonomie en montagne formation alpinisme dans les ressauts de Saint-Jeannet
Dimanche 17 février 2013, dans le cadre de la première journée de notre cycle de formation alpinisme, avec Florence, Nathalie, Onil, Emile et Jean-Pierre nous sommes allés dans les ressauts du Baou de Saint-Jeannet 802m.
Le but de cette journée est d’apprendre ou de réviser les manoeuvres de corde fondamentales en alpinisme et de les appliquer. Contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de croire, en montagne, gérer une cordée dans du terrain « facile », c’est très difficile.
Adapter les longueurs de cordes et mettre en oeuvre des procédures dynamiques qui permettent à la cordée d’évoluer en sécurité, tout ceci demande un vrai savoir-faire.
Onil, Emile et Nathalie au pied et dans la fameuse voie de l’examen III- du premier ressaut :
Nous avons commencé assis par des manoeuvres de corde, en premier lieu l’encordement avec noeud de chaise, puis nous avons vu, le cabestan et le 1/2 cabestan, l’utilisation de l’appareil d’assurage avec 2 seconds et éventuellement comment donner du mou, la pose des friends – coinceurs. Tout ça pour arriver au clou du spectacle les anneaux de buste…solidarisés ou pas et la possibilité du multi-étages.
Florence avec de beaux anneaux de buste solidarisés :
Régulièrement nous avons échangé les rôles de leader et second, cela permet de bien voir, comment utiliser le terrain et d’effectuer un assurage sommaire, corde directement autour d’un bloc, assurage à l’épaule ou simplement à la main en « cassant » le poignet. Tout est une affaire de contexte, raideur, traversée, conditions, forme du moment…le maître mot est l’adaptation pour tenir 2 objectifs majeurs en alpinisme : la sécurité de la cordée, tout en maintenant une bonne fluidité.
Ci-dessous, Florence invisible mais bien installée sur un bon plat, tient fermement la corde bien tendue, le cas échéant elle prendrait mon déséquilibre à sa source, avec ma collaboration dans du terrain moins que vertical, cela serait suffisant pour me retenir.
Cette technique plus que sommaire fonctionne très bien dans du terrain à gradins comme, une bonne partie de la voie normale du Cervin, l’arête ouest du Gelas ou la voie rouge des ressauts du Baou de Saint-Jeannet. L’inconvénient majeur, c’est le dosage, en clair il ne faut pas abuser de cette technique très efficace jusqu’à un certain point mais qui lorsqu’on passe dans du terrain un peu plus difficile met toute la cordée en péril mortel!
Nous avons franchi le 2ème ressaut par le pilier Maurice III +. Il faut s’assurer plus sérieusement, grosso modo on distingue 2 techniques :
– historique, celle que j’appellerai du Guide chamoniard : le leader grimpe sans s’assurer en faisant de courtes longueurs, le plus souvent de 15 à 20 mètres.
– moderne, grâce à la révolution des friends – coinceurs : la cordée garde 10 à 12 mètres de corde et fait de la corde tendue avec 2 à 3 bons points entre les membres de la cordée.
Dans les 2 cas les anneaux de buste servent à rallonger ou racourcir si le terrain le nécessite, ce qui ne manque jamais de se produire dans une course un peu longue d’alpinisme classique dont l’archétype serait au hasard : Charmoz – Grépon.
Jean-Pierre complète l’équipement en posant un friend deci delà, ici un camalot vert 0,75 :
Pour nous déplacer entre les voies nous devons refaire les anneaux, ce qui est un très bon entrainement pour manipuler les cordes.
Nous grimpons le 3ème ressaut par les côtes IV+ (difficulté annoncée dans le topo de 1967, y savaient rigoler à l’époque!). A partir de ce niveau de difficulté, 5b/c soutenu dans les cotations actuelles, il faut souvent dérouler 20 à 25 mètres de corde :
Nous avons terminé par la Papillon III +, en 2 longueurs ce qui nous a permis de grimper à nouveau encordés à une dizaine de mètres. C’est vraiment ce qui est important à retenir : les anneaux de buste servent à adapter la longueur de corde et donc il ne faut vraiment pas hésiter à rallonger ou racourcir l’encordement.
Jean-Pierre au sommet de la Papillon et du Baou de Saint-Jeannet :
L’équipe réunit au sommet, prête à affronter la voie rouge à la descente et bien sûr en s’assurant! Je sais ce n’est pas dans les usages de s’encorder dans la voie rouge mais les temps changent et désormais l’idée moderne est d’essayer d’être presque aussi efficace que les anciens mais en s’assurant beaucoup plus!