Alpinisme dans les Tatras polonais – Alpinisme : Guides 06

Alpinisme dans les Tatras polonais

Du 03 au 13 mars 2013, avec le GEAN (Groupe Excellence Alpinisme National 20 – 25 ans) de la FFCAM (CAF), nous sommes allés tâter de l’alpinisme dans les Tatras polonais. Pour encadrer ces 10 jeunes nous étions 5 coachs, Nicolas Elzéard coach mental et 4 guides de haute montagne : Christophe Moulin, Frédéric Gentet, Patrick Pessi et moi.

Les Tatras forment une partie des Carpates au même titre que le Mercantour, le Valais ou l’Oisans forment une partie des Alpes. Situé tout au sud de la Pologne ce massif est frontalier avec la Slovaquie.

Dominant le lac Morskie Oko, le Mieguszowiecki Szczyt 2438m :

En 2004 la Pologne a été intégré l’union europénne et est devenue une des économies les plus dynamiques d’Europe. La monnaie reste le Zloty. Comme nous sommes sur le même fuseau horaire, le jour et la nuit arrivent beaucoup plus tôt qu’en France.
Nous avons pris l’avion de Bergame à Cracovie.

Frédéric Campion, un français qui grimpe très souvent dans les Tatras nous a mis en relation avec les alpinistes locaux. Adam Pieprzycki, Maciek Ciesielski et Krzysztow Banasik nous ont superbement accueilli et donné toutes les informations sur les voies :

Le premier jour nous nous sommes rôdés dans les contreforts de la face nord-est du Kazalnica 2159m.
Au plus les haut les voies font 550m. Depuis des décennies, été comme hiver, c’est le haut lieu du grand alpinisme polonais.
Nous allons (très) rapidement comprendre les exigences de ces lieux….neige poudreuse sur du rocher raide et finalement plutôt compact! Ces touffes d’herbes bien connues de l’alpinisme mixte dans les Tatras suscitent bien des interrogations!? Alors que la réponse est simple les touffes d’herbes sauvent l’alpiniste… le problème majeur c’est qu’il n’y en a pas assez!

Derrière-nous le paysage est magnifique :

Tiphaine et Jonathan choisissent la voie Poziomkowa Droga IV+ 120 mètres.
Jonathan dans la 1ère longueur, IV+ :

Avec Tiphaine nous suivons dans cette rampe d’aspect débonnaire.
Après quelques mètres, les crampons râclants sur les dalles nous incitent à la prudence!

Tiphaine nous guide dans les 2 longueurs suivantes, IV+ et III+ où nous pourrons savourer la qualité des ancrages dans les touffes d’herbe!

Profitant du beau temps, le lendemain avec Ingrid, Lara, Jonathan et Matthias nous partons sur la paroi en face du Kazalnica, le Niznie Rysy 2430m.
En face ouest, nous grimpons une voie de 700 mètres d’un niveau moyen en D avec 2 longueurs plus dures en M5/5+:

Attirés par le peu de glace qu’on peut trouver, nous nous lançons sur ce fin placage :

Matthias le sent bien, il va brillamment résoudre le problème, 5/5+ :

Malin, Jonathan va passer à droite, 4/4+ :

Lara et Matthias dans la seconde et dernière longueur de glace, 3+ :

En haut de la cascade glace, c’est bien agréable, nous sommes rattrapés par le soleil :

Le reste de l’ascension (600 mètres) est constitué de mixte : rocher, neige et parfois touffes d’herbes :

Ingrid aux prises avec cette escalade mixte pas réellement difficile au sens moderne mais qui demande une attention de tous les instants :

Lara avant de traverser sur des dalles recouvertes de neige. Même si ce n’est pas très difficile quelques bonnes fissures franches seront les bienvenues pour nous assurer :

Jonathan et Lara dans la fin de la traversée :

Matthias commence la seconde longueur dure M5/5+ :

Pour ne pas attendre, Jonathan passe tout droit. Il y a des pitons sur les 2 options :

Après cette longueur raide et difficile c’est à nouveau du terrain plus classique entre AD et D :

La vue est magnifique mais l’heure a tourné!
Nous rejoignons la voie prise par Tiphaine, Arthur et Titi. Plus rapides que nous, au refuge du Morskie Oko nous les remercierons pour la trace.

Vers 18h quand nous arrivons au sommet nous profitons des dernières lueurs.
De gauche à droite, Jonathan, Ingrid, Matthias et Lara :

La descente est débonnaire, une centaine de mètres à 40° puis la suite entre 30 et 35°, dans 1h30 nous serons au refuge!
Malheureusement ça ne s’est pas passé ainsi….en marchant sur de la neige dure j’ai déclenché une avalanche, la coulée de neige m’a emportée sur les 300 derniers mètres restants! Sur la fin de la glissade j’ai sauté une petite barre rocheuse verticale d’environ 8 mètres.

Bilan : une bonne entorse de la cheville. Pour moi le voyage s’est terminé là, mais je m’en tire bien.
En 25 ans d’alpinisme, c’est la première fois que je me fais emporter. Je n’ai rien vu venir. J’ai eu la chance que ça me serve de leçon.