Quelque part début avril, l’histoire ne retiendra pas la date précise de cette aventure, une bande de lutéciens se lance à la conquête des terres méridionales. Je retrouve Arthur, Raffik, Sylvain et Théo pour une formation alpinisme condensée riche en rebondissements.
Notre périple commence au Baou de Saint Jeannet, au premier ressaut. Après quelques moulinettes pour maitriser l’encordement et l’assurage au descendeur, les plus téméraires partent en tête tandis que d’autres travaillent déjà leur projet en 6a ! Théo enchaîne « la honte » en tête. Machine ! Pour Raffik, ça pousse mais ne passe pas. On reviendra.
Bon c’est pas tout mais nous avons encore un programme chargé pour le reste de la journée. Nous passons à la progression en mouvement pour atteindre le sommet du Baou de Saint Jeannet. Nous empruntons la voie rouge et quelques couennes faciles qui se prêtent bien à la pose des coinceurs. A peine le dos tourné, Arthur en profite pour clipper les scellements, le bougre.
Petite pause au sommet et notre équipe réalise ses premiers rappels, Sylvain garde le smile malgré l’ambiance vertigineuse ! Sur le quatrième ressaut, il reste un peu d’énergie pour une dernière couenne. Arthur réalise un superbe 6a de 25 mètres sur un beau pilier plein gaz.
Il ne faut quand même pas trop traîner car nous devons encore monter au Boréon où nous passerons la nuit. Après un bon repas et une mini chasse au trésor pour retrouver les grosses à Sylvain égarées de nuit sur la piste (finalement non loin du gîte). Nous nous glissons dans nos couettes.
Levé matinal pour cette deuxième journée avec pour objectif l’arête N du Cayre Archas. L’ambiance est glaciale en sortant du gîte et il neige encore ! Mais les prévisions sont de la partie alors nous nous mettons en marche. En sortant des bois, le ciel est bleu azur, le ventilateur NW s’est mis en marche.
Ce n’est qu’à moitié rassurant, les rafales sont puissantes. L’itinéraire exposé au vent annonce une entreprise malcommode. Après un petit point stratégique nous décidons de décaler l’ascension sur la face E de notre montagne. Cette face propose un couloir d’environ 200 mètres dont une centaine de mètres autour de 40° parfait pour faire connaissance avec le cramponnage.
L’arrivée au pied du couloir est l’occasion de revoir les encordements et la solidarisation des anneaux de buste. Ca commence à rentrer !
Dans le couloir, les cordées sont en corde plutôt courte, il faut la garder bien tendue pour que le leader puisse enrailler immédiatement un déséquilibre de son second. Cette pente de neige, peu exposée, se prête bien à l’exercice.
L’ambiance devient de plus en plus austère, nous sommes à peu près abrités du vent mais le ciel s’assombrit et la visibilité s’amoindrit.
L’arrivée sur l’arête sommitale est saluée par les mollets des uns et des autres. On commence à comprendre l’importance de la technique de cramponnage et l’utilité des chaussures rigides …
Nous évoluons alors « à la laisse » jusqu’au sommet.
Petit à petit, le vent est tombé et le ciel s’est complètement levé. Sur la photo ci-dessous à gauche, on devine bien notre couloir d’ascension un peu en diagonale et qui débouche à un point bas de l’arête. Nous profitons de la descente par la Cime de Costette et le Col de la Valette des Adus et commençons à penser à la petite binouse bien méritée. C’était trop tôt pour y penser ! Une mauvaise réception à quelques mètres du GR et nous sommes contraints de déclencher les secours pour Arthur, verdict quelques heures plus tard : double fracture maléole tibia. Le secours aura été épique pour transporter notre héros du jour sur une zone hélitroyable.
Après s’être remis de nos émotions, nous réfléchissons à la course du lendemain. Il nous faut sauver l’honneur sur un morceau de choix. Un instant tentés par le Pélago, nous optons finalement pour la Cime de Baissette par son couloir NW. Course assez similaire à la veille mais on monte d’un cran en raideur.
L’approche est l’occasion d’observer les conditions correctes du couloir W de la baisse du Pélago parcouru il y a peu avec Christophe. Les difficultés semblent plutôt mixte/rocheuses ces temps-ci.
Nous poursuivons notre chemin dans le vallon des Erps jusque vers 2300 mètres avant de pouvoir observer l’attaque de notre couloir, juste après avoir passé le Cayre des Erps qui abrite la belle Pablo Neruda. Ce départ a l’air pépère mais …
… très vite ça se raidit bien et l’ambiance à la sortie est du genre très honnête !
Après 3 jours de crapahutage, la fatigue commence à se faire sentir et nous décidons de descendre directement sans le détour par la Cime de Baissette, un temps envisagé.
Le bouclage par les vallons de Sangué et du Haut Boréon vaut vraiment le détour, c’est très très beau avec toutes ces baignoires naturelles encore habillées par le manteau neigeux.
Quelques heures plus tard, la boucle est bouclée et nous quittons le gîte pour retrouver nos voitures juste sous les épingles finales de la route du Boréon.
Les terres du midi se seront finalement laissées conquérir au prix d’un combat féroce !
Un grand bravo à toute l’équipe pour ce baptême du feu, il faudra remettre ça rapidement pour transformer l’essai.
Bravo Arthur!